Olivier Minh et l’oeil argentique, 3 juin 2012

En plus d’être un photographe hors-pair, Olivier Minh est un homme engagé. Un engagement intellectuel qui trouve naturellement son prolongement dans le travail photographique qu’il réalise.
Aujourd’hui, par les images qu’il crée, Olivier Minh témoigne du changement climatique et de l’inquiétude grandissante face à l’émission de gaz à effet de serre.
Plus qu’un régal pour les yeux, Olivier Minh nous ouvre tout un univers de réflexion qui pousse chacun de nous à s’interroger sur le monde dans lequel nous vivons et la place que nous y occupons.

Un LIV’, croissants-café, presque au saut du lit un jour de pluie.

Isabelle CARGOL : Comment décririez-vous votre parcours ?
Olivier Minh : J’ai commencé la photographie très jeune. Mon père était passionné de photo , nous avions même un laboratoire à la maison et un de mes oncles était correspondant à l’AFP. De fait, j’ai évolué dans un milieu très orienté dans ce domaine.
J’ai fait ma première exposition à 18 ans dans le cadre des rencontres photographiques de Carcassonne. A cette occasion, j’ai eu le privilège de rencontrer Robert Doisneau.
Ensuite j’ai étudié la photographie à l’ETPA de Toulouse et, en 1988, à la fin de mes études, je pars travailler à Madrid. C’est là que je réalise mes premières photos de mode. Je reviens à Carcassonne en 1989 et je travaille pour la presse au Midi-Libre. Ce poste de photographe généraliste sera très formateur pour moi.
Au début des années 90, je m’établis à Toulouse pour l’amour de cette ville et je m’installe comme photographe. Je travaille alors essentiellement pour la mode, la coiffure et la publicité jusqu’en 1998.
De 1998 à 2008, mon frère et moi créons une SARL dont l’objet est de développer la photographie numérique, ce qui était innovant à l’époque. Le défi aujourd’hui est de développer la photographie argentique !

I. C : Pourquoi ce retour à l’argentique ?
O. M : C’est avant tout par goût. Toutes les photographies, qu’elles soient de pures créations ou non sont toujours plus intéressantes en argentique. Contrairement à la photographie numérique, qui est une image virtuelle ne laissant aucune trace, l’argentique est pérenne, tangible, ce qui est positif.
La deuxième raison, c’est que je suis allé très loin en numérique et je n’y ai jamais trouvé une aussi bonne qualité qu’en argentique.
En parallèle, il y a aussi ma volonté de ne plus être qu’un maillon de la chaîne marketing. Le talent, la création sont plus importants pour moi que la rapidité, la compétition et la performance. C’est une volonté de recherche du sens dans l’image produite, de mettre l’accent sur la singularité du regard qui m’intéresse et non pas de faire une simple prise de vue pour un produit.

I. C : Comment se traduit cette recherche de sens dans vos photographies ?
O. M : A titre personnel, je m’intéresse plus particulièrement aux énergies renouvelables, il y a aujourd’hui une véritable urgence écologique et j’ai aussi travaillé sur le suivi de la construction du Cancéropôle, un projet à la finalité honorable.
Je suis aussi membre d’une association de passionnés de Leica, des amoureux d’appareils mécaniques et argentiques. C’est un choix idéologique, nous n’utilisons ni batteries ni piles. Il est donc pas possible de réaliser du bon travail sans consommation d’énergie à outrance.

I. C : Des projets à venir ?
O. M : A terme, je voudrais arriver à ne plus faire que de la photographie d’édition et d’art informative. Je veux sortir de la photographie exclusivement commerciale.

Isabelle CARGOL, Octobre 2008

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