Accueil du site > Musique > Contemporaine > Jean-Philippe BEC

Jean-Philippe BEC, 10 juillet 2007

Toutes les versions de cet article :


Jean-Philippe Bec est un auteur-compositeur de talent. Depuis le Conservatoire National de région de Toulouse, son parcours est exceptionnel : médaillé d’or en piano, orchestration, musique de chambre et formation musicale, pianiste-accompagnateur dans le Chœur de l’Armée française, Conservatoire Royal de musique de Bruxelles, 2 ans de travail intense avec Jean Fassina, son grand maître, Conservatoire de Paris, élève de Gérard Grisey et titulaire des diplômes de formation supérieure en écriture et en composition du CNSMDP, c’est avec HERUKA, son œuvre fétiche qu’il contacte le bureau de la création musicale de Radio France. René Bosc, directeur artistique du célèbre festival "Présences" lui commande une œuvre destinée à l’Orchestre National de France et après avoir été membre de la section artistique de la Casa Velasquez, il devient le 1er compositeur en résidence de l’Orchestre National de Toulouse.

Isabelle Cargol : Quel enfant étiez-vous ?
Jean-Philippe Bec : J’étais plutôt solitaire. Enfant unique, très jeune, mes parents se sont aperçus que je voulais faire de la musique. Lorsqu’un orchestre symphonique faisait son apparition sur le poste de télévision, je me lançais dans l’imitation des gestes du chef d’orchestre en battant la mesure ! Et vers 9, 10 ans, j’ai commencé les cours de piano. La musique a toujours été très importante pour moi.
Je suis né à Toulouse, j’ai eu une enfance heureuse à la campagne. Un jour, j’ai dit à ma mère que j’irais au Conservatoire de Paris et c’est là que mes parents ont compris que je voulais faire de la musique ma vie. Ils savaient qu’en faire un métier était très difficile et ils ont compris ma passion pour la musique classique. Ils m’ont toujours soutenu dans cette voie.
C’est vers 11, 12 ans que l’amplification du travail a commencé, beaucoup de cours, beaucoup de leçons…
Avec la spiritualité, la musique est la dimension la plus importante de ma vie. Les deux sont intimement liées. Ce sont des chemins pour atteindre ma liberté. Cela aussi fut marqué dès l’enfance.

I.C : Vous avez été le premier artiste en résidence de l’Orchestre National du Capitole de 2004 à 2006, que faites-vous depuis cette date ?
JP. B : Actuellement, je compose neuf pièces dédiées aux muses de l’Antiquité dans le cadre d’une coopération avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse. Trois de ces compositions sont déjà écrites et deux d’entre elles ont créées les 21 et 22 mai dernier.

I.C : De quelle manière est né ce projet ?
JP. B :J’ai rencontré Vincent Gervais(altiste de l’Orchestre de Chambre de Toulouse lors d’une tournée en Espagne ; nous avons discuté, il m’a vivement encouragé à faire la connaissance de Gilles Colliard et de Renaud Gruss. Ils ont écouté ma musique qui les a touché. De cette rencontre est né le concert « Dédicaces » qui fût notre première collaboration. J’ai le projet de faire un disque avec cette magnifique et dynamique formation toulousaine.
Dès les répétitions, une alchimie s’est formée, une adéquation entre le langage du créateur que je suis et ses interprètes. Cela s’est passé de la même façon avec l’Orchestre National du Capitol et c’était du symphonique, donc une autre dynamique. L’Orchestre de Chambre de Toulouse a une éthique très forte, une volonté d’exister et un esprit très chaleureux au plein et entier service de la musique. C’est une famille, on éprouve ce sentiment d’appartenir à une famille musicale recomposée et c’est ce qui m’a attiré chez eux.
Aujourd’hui, il existe de gros problèmes dans le domaine de la création musicale, dans la postérité de l’Art savant. Après la deuxième guerre mondiale, le courant de l’avant-garde de la musique contemporaine (Boulez, Stockhausen, Berio) s’est imposé dans le rejet des paramètres musicaux qui ont conditionné cinq siècles de Musique occidentale.
Je ne crois pas à l’Art pour l’Art, donc pas à la musique pure. Ainsi toutes mes œuvres se déploient dans des formes narratives. Beuacoup de mes œuvres sont des poèmes symphoniques, des histoires racontées en musique
Même chez Bach, on retrouve la référence au sacré, aux thèmes grégoriens dans les sujets de ses fugues qui sont réputées comme un des sommets de la musique pure, abstratie, pure construction se suffisant à elle-même...ce n’est pas ma vision des choses.
La problématique de la musique contemporaine dure, conceptuelle et sectaire est un phénomène européen (Franco-Allemand avec des affiliés secondaires que sont l’Italie et l’Espagne). Par exemple, le merveilleux chef d’orchestre qu’est Pierre Boulez s’égare dans un hermétisme très peu accessible au grand public lorsque son intellect brillant élabore de savantes architectures conceptuelles qui ne seront appréhendables que d’un petit cercle d’initiés.
J’ai une position toute différente qui, au contraire de la tabula rasa boulézienne évolue dans la continuité et l’enrichissement de l’apport des grands maîtres du passé : Fauré, Debussy, Ravel, Puccini, Rachmaninow, Messiaen... Sans eux, je n’existerais pas aujourd’hui et, grâce à eux, je pourrais peut-être me trouver moi-même et offrir à ce monde une œuvre originale.

I.C : Vous composez aussi un Oratorio Araméen-Christo-Palestinien, commande de Radio-France me semble-t-il ?
JP. B :J’ai été jouer plusieurs fois à Radio France et j’ai eu l’envie de proposer un projet absolumment dément à Roberto Alagna. C’est ainsi que l’idée de faire un Oratorio en Araméen-Christo-Palestinien (la langue dans laquelle prêchait Jésus) est née.
Cette commande de Radio France autour du Jeudi Saint pour treize voix d’hommes et Grand Orchestre à partir du livret français de Gabriel Attic, rétroversé par Alain Desreumaux, chercheur au CNRS et professeur au Collège de France avec pour interprètes prestigieux Roberto Alagna et l’Orchestre Philarmonique de Radio France pour une création mondiale prévue en 2010 est tout particulièrement motivante.

I.C : D’autres projets ?
JP. B : Je travaille aussi pour le cinéma, pour L. Juillet, F. Péronni en tant qu’orchestrateur-arrangeur. J’aime me mettre au service d’un projet.

Liens

Heruka en écoute
Site officiel de Jean-Philippe Bec
Radio France, Festival Présences
Jean-Philippe Bec sur Myspace

 Jean-Philippe BEC a choisi


- Un disque : « Echos d’artistes », Casa Velasquez. Patientia sur un poème de Philippe Mocaigne, 2007
- Un livre : « La bhagavad-Gîtâ », traduit du hindi en anglais avec les commentaires de Yogiraj Shri Shailendra Sharma de Govardhan
- Un film : « Fairplay », Lionel Bailliu, musique originale de L. Juillet, 2006

Tags

Musique Compositeur Conservatoire Toulouse Radio France René Bosc Casa Velasquez Festival Présences Oeuvre Orchestre Muse Poème Pierre Boulez Puccini Ravel Fauré Messiaen Oratorio CNRS

 








Répondre à cet article


Suivre la vie du site Fil RSS 2.0