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Forum de l’image 2007, 9 juillet 2007

Après plus de dix ans d’existence, le Forum de l’image s’inscrit « Hors-genres ». D’aucun aurait pu penser qu’il était facile de faire feu de tout bois et de s’inscrire, via sa pérennité, comme un festival classique avec un arrière-goût d’acquis et une odeur de naphtaline.

Loin s’en faut, l’Association du Forum de l’image se renouvelle sans cesse et peut prétendre au véritable titre d’institution. La qualité des expositions et de l’investissement des membres de l’Association dépasse de loin le simple amateurisme. Preuve en est, la MJA, véritable vivier d’artistes d’exception.

Les dix jours de festival du Forum de l’Image durant lequel conférenciers et artistes de qualité se côtoient offre le meilleur du rapport à l’image que chacun entretient, invitant chaque visiteur à réfléchir à la place qu’occupe l’image dans une société qui nous submerge sans cesse de visuels et nous en sert à toutes les sauces jusqu’à nous faire vomir.

Après la photo, "Hors-genres ?", entretien avec Christian Gattinoni, directeur artistique du Forum de l’image.

Isabelle Cargol : Pourquoi avoir choisi d’intituler le Forum de l’image 2007 « Hors-genre » ?
Christian Gattinoni : Cela part d’un constat. Au-delà du post, il y a la nouveauté. Les œuvres se poursuivent dans le mélange des formes d’art. Nous vivons aujourd’hui une période de transition, de création de nouvelles formes d’appropriation des techniques. Le numérique est un outil complémentaire pour travailler, créer. De nouvelles définitions se posent dans cette ère de transition dans lesquelles la question du projet artistique personnel demeure centrale. Fidèles à la circulationde la parole entre critique ou théoricien, artiste et expert des sciences humaines, nous avons invité en 2007 Damien Sausset, Paul Pouvreau et Marie-José Mondzain à nous faire part de leur expérience artistique « hors-genre ».

I.C : Que voulez-vous dire lorsque vous parlez de nouvelles définitions ?
C.G : L’image qui serait « hors-genres » est une image qui laisserait une place à l’autre. Dès lors que l’on définit catégoriquement une chose, la possibilité de dire quelque chose n’est plus. Faire son propre chemin de réflexion dans son rapport à l’œuvre offre la possibilité de penser, d’exister. Au-delà des genres, de leurs définitions traditionnelles, les références aux seuls paramètres du portrait, du paysage, de la nature morte ou du nu ne sont plus opérationelles et les oeuvres les plus créatives expérimentent les limites du « hors-genres », dans une réponse active aux grandes questions de l’humain dans nos sociétés en mutation.

I.C : Cela reviendrait-il à considérer que le fait de normer les êtres, les choses est réducteur ?
C.G : Par l’Art, on est dans la représentation qui doit nous permettre d’accéder au réel. Et aujourd’hui, il existe un décalage. Le reportage pur et dur ne questionne plus le réel. A l’heure actuelle, l’information du réel passe par une violence de l’image, de par son immédiateté. Peu à peu, l’image scoop est remplacée par des fictions documentaires qui proposent une réflexion sur le réel. Cela est hors-genres, nous vivons une époque de transition de par le fait que l’image n’est plus appréhendée de la même manière, ni même construite de la même manière.

I.C : Le Forum de l’image 2007, de par son intitulé « Hors-genres » s’inscrit dans ce mouvement ?
C.G : La sortie du Post-modernisme conduit à une nouvelle réflexion et par là-même permet de poser la question du hors-genre. Avec l’exposition « Nos proximités » au BBB, le rapport à l’habitat est interrogé. Designers, graphistes, photographes et plasticiens partent d’une expérience de terrain pour développer les territoires de « proximités » en prenant ce terme dans ces acceptations historiques et géographiques.
« Les cheminements » de Lectoure interrogent le rapport au corps, qu’il soit question du corps politique, identaire ou encor sexuel, dans un cadre particulier, celui de petits lieux intimes. Ici, les glissements formels d’une réalité spatiale à l’autre qui génèrent une poétique destructurante apparaissent au contraire constituants.
Ce qui rend possible le questionnement sur le hors-genre, c’est l’incarnation d’un projet dans un artiste, un groupe d’artistes pour sortir de la dicchotomie culture grand public et culture spécifique. Cette culture, même lorqu’elle passe par le hors-genre, doit s’interroger sur le projet personnel. La photographie est au centre des arts visuels, la danse au centre des arts du spectacle et le croisement des regards, des médiums artistiques est essentiel dans la construction d’un nouveau rapport au réel, c’est dans ce mouvement que s’inscrit la thématique « Hors-genre ».

Brève

LIS@RT y était : Open Vidéobar 2
Bien que le parcours de François Turgis soit des plus intéressant de par le foisonnement de ses idées et sa force de conviction, il n’en reste pas moins que la modestie n’est pas sa plus grande qualité. Cet « Autodidacte insoumis », comme il aime à se nommer, a au moins le mérite de transgresser les règles établies, laissant ainsi entièrement place à la créativité. Son projet de scènes ouvertes part du sensible pour aller vers le théorique, ce qui bouscule sans concession aucune les schémas existants et il fait bien. Intellectualiser l’énergie fondamentale, mettre des potentiels en synergie soulève bien des passions et il est tout à son honneur de susciter la polémique.
L’intervention de C. Gattinoni dans ce cadre-là était doublement remarquable. En plus de conférer toute sa légitimité au concept de ce jeune poulain (ancien lauréat MJA), Daphné Le Sergent et lui-même en ont fait un événement. Ils ont donné quelque chose d’intéressant à voir, enfin... Sans leur présence, LIS@RT se serait bien ennuyée ce jour-là, la fougue de la prime jeunesse n’étant pas une nourriture spirituelle suffissant à la rassasier.
Pensez à enlever vos chaussures avant d’entrer la prochaine fois...

Retour sur la programmation 2007

- BBB, Centre régional d’initiatives pour l’art contemporain (31) : « Nos proximités », exposition collective
- Goethe Institut (31) : « Œuvres de passage », projection de Christoph Brech
- Espace III, Croix-Baragnon (31) : « Open Vidéobar 2 » de François Turgis
- Galerie, Espace Croix-Baragnon (31) : « Photographies », de Renaud Monfoury et JIF
- Forum de l’image, Blagnac (31) : « Hors-genres », exposition collective, MJA 2006
- Centre d’art le LAIT (81) : « La Ricarda », exposition collective
- Centre de photographie de Lectoure (32) : « Où suis-je ? », « S’inscrire dans l’espace », dans le cadre de « Cheminements »

Liens

le Forum de l’image
La Mission Jeunes Artistes

 








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