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Les Palmes de l’Art, 3 juin 2012

Sortez vos masques et vos tubas, sur les bords de Garonne, le soleil arrive et Cannes est bientôt derrière nous, ne reste alors qu’une seule question : l’Art à Toulouse fera-t-il un jour des vagues ?
Car si depuis la crue de 1875, notre chère ville rose vit dans l’artificialisation de ses berges, il semble que le loup blanc n’a de cesse de prendre ses quartiers à tout venant sans même s’inquiéter d’être noyé par une quelconque crue.

Force est de le reconnaître, depuis que Toulouse a fait le choix de l’artificialisation de ses verges – usant de toutes ses formes impossibles et inimaginables – il n’en reste pas moins que la régularisation des flux et des débits (de boissons surtout paraît-il) semble stagner dans l’univers prolifique de l’aléatoire, l’indescriptible, l’improbable
et pourtant ô combien prévalent existant.

L’Art toulousain souffre aujourd’hui d’une saison bien froide.
Pas d’extérieur nuit doux et agréable, séduisant, enivrant et sécurisant en cette propice saison. Quelques mortes illusions laissées telles une traînée de poudre lors des dernières élections municipales, les premières traces du Petit Poucet qui ont régalées les corbeaux, une conjoncture à cause de laquelle – M’zelle - nous ne pouvons rien faire et dont tout au plus il ne reste que quelques médiocres tentatives de mécénat parce que c’est dans l’air.

Au milieu de tout cela, Toulouse connaît toujours et encor le privilège de surnager grâce aux merveilleux aménagements de la Garonne que dans une belle révérence le XIXe siècle lui a offert, oubliant qu’il y a moins de deux siècles, elle a connu le déluge.

D’expositions sans surprises en expositions de rien, s’appuyant sur du concept conceptuellement conceptuel et conceptualisé le rendant artistiquement intéressant, l’Art à la portée de tous est vraiment un marché juteux, l’entre-soi règne en maître et la langue de bois fait sa loi.
C’est négliger que passer du conceptuel au réel est une autre affaire et qu’à force de tout vouloir lisser, la diversité va disparaître laissant place au néant.

Ainsi, tel le Phœnix, la prétendument belle ville rose, après être née à nouveau de ses cendres, a tu l’heure-loge cependant que fleurissait, entre autre, l’heure des prix et autres trophées. Trophées de l’ITB, du commerce, de l’alternance, de la communication, de l’économie numérique et si Toulouse a son prix du mécénat, elle manque de son trophée de l’Art.

Sont donc nominés pour les Palmes de l’Art 2010 à Toulouse :

Catégorie photographie : le MAP pour son positionnement unique en France.
S’appuyant sur des valeurs telles que l’échange, le partage, la création de lien, le MAP fédère partenaires et institutionnels avec la volonté affirmée de mettre en avant les jeunes talents à travers des concours et appels à projets, faire descendre la photo dans la rue, générer de l’échange entre professionnels, amateurs et grand public selon Pierre Garrigues.
Ce festival mérite d’autant plus cette palme que cette grosse machine, à force de « faciliter » l’accès pour tous à la photographie, risque de flirter avec le vulgaire et effacer de la carte des festivals tels que Manifesto ou le Forum de l’Image en faisant de l’ombre à leur rayonnement, balayant d’un coup leur nécessaire existence pour la vitalité et le renouvellement de la création.
On ne s’improvise pas photographe !

Manifesto
Le Forum de l’image
le MAP

Catégorie arts plastiques : ARTOULOUSE qui fait du marché de l’Art une magnifique supérette.
L’année 2010 a commencé très fort avec l’ouverture du premier grand concours national de peinture à Toulouse. Mené d’une main de maître par les quelques commissaires priseurs qui font la pluie et le beau temps dans la ville rose en matière de ventes aux enchères, c’est là qu’il fallait être en ce début d’année car si la crise financière n’entre pas dans les Hôtels de ventes, il semble que la démocratisation de l’Art - au sens où l’intelligencia bien pensante l’entend - oui.
A tel point qu’on ne peut que regretter l’étalage redondant de toiles croulant les unes sur les autres où l’œil ne peut trouver aucun plaisir tant par le manque de qualité artistique que par le manque de respiration, noyant le talent de Guillaume Pelloux au milieu d’une masse insignifiante de peintures aussi peu intéressantes les unes que les autres tant sous l’angle technique que sous l’angle artistique.
Biennale Artoulouse

Catégorie mécénat : la CCIT et la DRAC pour le prix du mécénat culturel.
S’il y a quelques quatre années en arrière, ce prix avait du mal à s’imposer sur la scène publique, il est devenu aujourd’hui incontournable dans la ville rose pour la valorisation du travail des artistes régionaux auxquels il ne reste plus que cela pour se faire un nom.
Là encor, il ne peux être que remarquable cette volonté de porter l’Art auprès du plus grand nombre et d’impliquer les entrepreneurs à ce mouvement. Il n’en reste pas moins que tout dépend comment l’on s’y prend, ce que l’on en fait et cela n’est pas toujours très joli à voir.

Il est donc bien regrettable que des talents comme Guillaume Pelloux qui revisite avec élégance et finesse les univers mondains, les démultiplient, les renversent, comme Lionel Loestcher (lauréat 2009 du prix du mécénat culturel), fin esthète et artiste côtoyant l’excellence dans tout ce qu’il entreprend - de la Madone en passant par la Myrmécologie jusqu’au projet Nature_Natures, véritable bijou de la création artistique et de la réflexion intellectuelle - ou encor Jeanne Lacombe qui, en plus de dérouler des tapis de fleurs à nos pieds, donne à ses peintures une coloration toute nouvelle rendant compte de tout l’émerveillement et la beauté que procure la rencontre de deux cultures, soient si peu ou si mal portés aux nues cependant que quelques uns, se prenant pour Dieu, se targuent d’être artistiquement correct, galvaudant le sens originel de l’expression même de la Création.

Lionel Loetscher
Jeanne Lacombe
Guillaume Pelloux

Isabelle Cargol, Mai 2010

 








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