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Le silence de Lina Lamont, 10 mai 2007

“Glass Onion” présente au public depuis 2005 « Le silence de Lina Lamont », un évènement musical et cinématographique.
Vincent Ferrand (voix, contrebasse, piano, machines et platine) et Fabrice Guérin (scénographie, vidéo, participation à l’écriture) font revivre d’une manière insolite et originale une anti-héroïne mythique du cinéma hollywoodien, l’actrice à la voix discordante et au caractère insupportable, la blonde Lina Lamont du film « Singing in the rain ».
Un hommage servi par des compositions originales de Vincent Ferrand, tout à tour dépouillées ou saturées, ainsi que par un montage original du film qui ressuscite le personnage et met en scène un dialogue décalé entre elle et le musicien.
Entre mythe et réalité, une critique du cinéma hollywoodien, un regard tendre sur nos petits défauts et nos grandes faiblesses.

Sandra Bourguet : Le spectacle « le silence de Lina Lamont » est après deux albums la troisième réalisation du groupe « Glass Onion ». Mais qui est “Glass Onion” au juste ?
Vincent Ferrand : “Glass Onion” est un groupe composite et multiforme selon les projets. Il pourrait s’appeler « Vincent Ferrand and friends ». En ce qui concerne ce spectacle en particulier, il s’agit donc de ma collaboration avec Fabrice Guérin.

S.B : Comment vous est- il venu l’idée de ce spectacle ?
V.F : J’essayais vainement d’écrire des chansons pour moi-même. Ça ne fonctionnait pas, je n’étais pas satisfait. Tout c’est débloqué quand j’ai décidé ne plus écrire pour moi mais pour Lina, ce personnage que j’aime. Le travail était déjà commencé quand j’ai rencontré Fabrice Guérin. Une vraie rencontre artistique et humaine qui m’a poussé à aller plus loin dans l’écriture.

S.B : Pourquoi Lina Lamont ? Qui est elle et qu’est ce qui vous touche particulièrement dans ce personnage ?
V.F : Après de nombreux visionnages du film « Singing in the rain », j’ai réalisé que c’était elle, la star du cinéma muet en voie de perdition, qui était à mon sens le plus attachant des personnages du film. Lina Lamont est la partenaire de Don Lockwood incarné par Gene Kelly, avec qui les tabloïds lui prêtent une idylle alors qu’il la déteste franchement. Elle, pourtant, y croit. Elle est constamment tournée en ridicule. La star du cinéma muet se révèle incapable de s’adapter au changement, car sa voix de canard devient un handicap majeur à sa carrière avec l’avènement du parlant. Avec l’arrivée sur scène d’une jeune actrice et chanteuse, rivale sur scène comme dans le cœur de son partenaire, Lina se sent menacée et sort les griffes. Elle se saborde peu à peu. C’est très probablement le personnage le plus vrai et le plus juste de tous. Quand les autres débordent de bons sentiments, Lina Lamont, avec ses faiblesses et ses défauts, ses mesquineries et sa bêtise, est certainement la figure la plus humaine du film. J’avais envie de la défendre, la réhabiliter. Lina est à la fois belle et agaçante, pathétique et touchante. Nous sommes tous un peu Lina Lamont à un moment donné ou à un autre.

S.B : Grâce au montage cinématographique effectué pas Fabrice Guérin, vous formez sur scène un duo décalé avec Lina Lamont. Comment s’organise ce rapport entre votre performance musicale et artistique d’un côté et l’image cinématographique de l’autre ?
V. F : Je crois comme certains écrivains que les personnages de fiction ont parfois davantage de substance que les personnes réelles du fait de ce qu’elles représentent dans l’inconscient collectif. Je n’ai pas besoin de faire exister Lina Lamont, elle s’impose d’elle-même. De là se met en place, tout naturellement, un dialogue. J’aime aussi l’idée que le spectacle acquiert une vie propre. Bien sûr il y a de moi dans ce spectacle, de ma fascination pour les femmes, de mon amour de la musique. Mais je crois qu’à moment donné le créateur est dépassé par son œuvre qui lui échappe. C’est un spectacle vivant, en constante évolution, en permanente révolution.

Actualité

Mardissonances : le 15 Mai à 12h45
Chapiteau du CIAM, université de Toulouse 2-le Mirail

Liens

Glass Onion

 Vincent Ferrand a choisi


- Un disque : Kind of blue, Miles Davis
- Un livre : La haine de la musique, Pascal Quignard
- Un film : Les mille et une nuits, Pasolini

Tags

Musique Spectacle Gene Kelly Cinéma

 








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