Les éditions territorey , 26 novembre 2008

Puissant, mythique deux termes pour résumer deux jeunes et fortes personnalités qui jouent sans cesse avec les limites du réel. Rémi Teulière, écrivain et Yannick Sellier, dessinateur ont créé la Maison d’édition Territorey dédiée à la Bande dessinée au cours de l’été 2007.
Au-delà du cœur de leur activité, Territorey se veut être un collectif dans lequel se croisent et se complémentent le théâtre, le court métrage, le multimédia, le livre, la comédie musicale, etc.
Ce va-et-vient entre les différents univers artistiques donne à leur travail une liberté d’interprétation, une originalité que l’on retrouve dans leur volonté toujours plus affirmée de mener à bien des projets qui déconcertent, repoussant toujours un peu plus les frontières, jouant avec la vision de l’Idéal.
Lisart a eu la chance de rencontrer ces deux jeunes gens plein d’ambition, de projets et d’avenir. Voici donc quelques extraits de l’entretien réalisé avec Rémi Teulière et Yannick Sellier.

Isabelle Cargol : Quelles sont les bases de votre collaboration ?
Yannick Sellier : C’est par l’intermédiaire du lancement avorté d’une revue de poésie que nous nous sommes rencontrés. J’avais fait quelques illustrations que Rémi a vues. Il a voulu avoir mon mail. Il l’a eu. Et tout a commencé.
Nous avons travaillé sur Ouragan Aveugle au Désert alors que je finissais mes études. Il était sur Argelès, j’étais sur Paris. Nous ne nous étions jamais vu. C’est ce projet qui nous a réunis. Nous avons tout réalisé à distance grâce à MSN et la poste. Rémi a fait imprimer le livre. C’est lorsque je l’ai eu entre les mains que j’ai compris ce que j’avais réalisé.
Nous nous rejoignons, je crois, dans l’emphase. Cela se ressent, à la lecture d’Adan et le Néant.

I. C : Parlez-moi d’Adan et le néant, il connaît un beau succès
Rémi Teulière : L’histoire d’Adan révèle toutes les ombres que j’ai en moi. Le côté « torturé » est très présent la violence et la noirceur. Le sexe revient beaucoup dans Adan, le sexe homosexuel, le suicide et toutes les questions métaphysiques que chacun se pose un jour ou l’autre, surtout durant l’adolescence ais-je entendu dire... L’histoire et ses raisonnements sont assez « adolescents » et primaires. Ok. Mais c’est une fondation vraiment essentielle pour moi, un passage obligé. Les adultes se posent-ils ce genre de questions ? Oui. Pourquoi donc réduire le sens de l’existence à des humeurs adolescentes ?
Il y a aussi une volonté de questionner le concept de Dieu. J’ai élargi jusqu’au fantastique mes idées pour le besoin de la BD. Ce thème est très présent dans tout ce que j’ai écris depuis ma jeunesse.Je me suis battu contre le Néant en le remplissant de ténèbres. Aujourd’hui je peux m’ouvrir vers des ambiances moins lourdes, moins épineuses.

Y. S : Ce qui transparaît dans Adan et le Néant, c’est de mon côté, évidemment, une certaine douleur ressentie face à l’absurdité, une douleur issue de mon incompréhension face à certaines réactions. Adan et le Néant, au-delà du fil narratif, du fil conducteur, est une somme d’expérimentations.
Avec Adan et la néant, la violence que je ressens autour de moi, je l’extériorise d’une certaine manière. Je crois faire de la provocation. Je suis conscient que mon dessin suscite si ce n’est de l’effroi ou du dégoût, au moins un certain trouble.
C’est noir et blanc, c’est positif et négatif. Je joue avec cela tant du point du vue du procédé (comme en photographie), que du point de vue de l’esprit (l’ambivalence du bien et du mal).

I. C : Territorey, une histoire ? Qu’est-ce qui résonne en vous de ce nom par rapport à son origine ? Y. S : Le mot territoire duquel est dérivé Territorey, évoque pour moi l’exploration, la mise en valeur, le parcours des territoires, je ne peux penser ce concept que comme pluriel. Le territoire est un espace ouvert. Il est seulement borné par les limites de notre perception.

R. T : Cela vient d’un titre de chanson que j’apprécie, une chanson qui parle des conflits pour le territoire. Je m’en suis servi pour désigner un asile de fous dans des écrits de jeunesse. J’ai proposé de reprendre ce terme très particulier, des territoires inexplorés... J’aime bien l’interprétation de Yannick.

I. C : Des projets à venir ?
Y. S : On veut étendre les frontières – j’ai des idées concernant la poésie, je veux la croiser avec le langage de programmation qui me fascine. Créer un accélérateur de mots ou un recueil de poésie-programme. Cela sous-entend une collaboration avec des informaticiens et des dessinateurs pour le concept visuel. Je nomme cela de la « poésie augmentée ». On a également un projet de court-métrage mélangeant dessins et mini DV, que j’espère réaliser dans deux ou trois ans.
En parallèle, on espère beaucoup de notre nouveau site internet – un vrai site et pas un blog. Il est actuellement en développement. Il sera le véritable quartier général de l’association, un siège dématérialisé, étant donné notre nature et nos objectifs. Une plate-forme multimédia avec centre de téléchargement, galeries photos et vidéos. Territorey.org sera en ligne pour l’été 2009.

Liens

Editions Territorey
Ouragan aveugle au désert

Publications

Eté 2006 > l’Etoffe
Printemps 2007 > Ouragan aveugle au désert (format papier)
Eté, Hiver 2007, Printemps, Eté 2008 > Adan et le Néant, Edition Intégrale
Printemps, Automne 2008 > Ebauches, séquences vidéo E/E
Automne, Hiver 2008, Printemps 2009 > L’attaque du Cyclope (BD catastrophe tragi-comique).