Merci au TNT..., 3 juin 2012

... ou comment lors d’une représentation du groupe Merci, le TNT a perdu ses lettres majuscules à défaut d’avoir des lettres de noblesse.
Il existe bien des théâtres : des somptueux, des grands, des beaux, des biens, des petits et toujours la même majesté, la même élégance, le même sens aigu de l’accueil.
Le Théâtre a cette magie de vous transporter, pour un instant, hors de la réalité. Un des derniers bastions de l’imaginaire, du rêve, de la parole du sens, de la parole qui fait sens.
Ce soir-là, le groupe Merci donnait deux représentations, l’une après l’autre.

Dans la première pièce « Les présidentes », la visibilité dépassait de loin la lisibilité. Rien à redire concernant le jeu des acteurs, parfait. Fin de l’acte I.
Avec Objet n°8 : concert muet de l’oubli, la deuxième partie du spectacle s’annonçait plus intéressante. Entracte...

Sans pouvoir jouir de la bienséance qu’offrait le « bar du théâtre », lieu fort convivial et à proximité du mouvement des foules et donc de la reprise du spectacle, il ne restait plus qu’à se rabattre sur le « restaurant du théâtre », qui somme toute n’a rien de bien attrayant. L’entracte fait partie du spectacle et, coup de théâtre, cette entracte referma la porte de la salle de spectacle sur le bout de mon nez !
La seule chose qui m’est venue à l’esprit à ce moment-là, c’était de savoir à quel moment avait sonnée la cloche que je n’avais pas entendue. Qu’ils soient somptueux, grands, beaux, biens, petits, il y a toujours dans les théâtres cette petite voix, ce petit son qui rappelle à tout un chacun que le spectacle commence, recommence, continu. Ce petit rappel, sonnant et trébuchant n’existe pas au TNT et le « bar du théâtre » a lui aussi disparu.

Dernier acte. Pour seule consolation, une hôtesse d’accueil, sans esprit, ni humour et pas même aimable aura la générosité d’échanger les places pour le lendemain, moyennant un supplément.
Un mauvais accueil, un spectacle dont vous ne verrez peut-être pas la fin (à moins de camper devant la salle), plus aucune convivialité, un sens du service qui laisse à désirer, le théâtre se fait rare et laisse place à une théâtralité dramatique. Vive la culture de masse et merci au TNT !

Isabelle CARGOL, Janvier 2008