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Henning, 28 juin 2007

Henning Specht est un des membres du groupe électro-pop toulousain Hypnolove. Un enfant d’Airbus dirait-on puisqu’il avait six ans quand son père, ingénieur, s’est installé dans la région avec sa famille.
Depuis quelque temps il nous prépare un album solo très personnel. Un itinéraire musical et graphique à travers la maison dans laquelle il a grandi.
Henning ne veut pas se limiter à la musique seule : il dessine, lit, s’intéresse à l’architecture, aux concepts. Sa démarche artistique globale aboutit enfin à un album depuis longtemps annoncé dans lequel, par petites touches, il redessine son histoire marquée par le deuil du père. Loin du dance floor, son terrain de prédilection, Henning nous emmène dans son territoire intime. Un univers singulier qui a séduit les organisateurs des siestes électroniques où il interprètera certains morceaux en avant-première.

Sandra Bourguet : Peux tu me parler de ton parcours ?
Henning Specht : En 93 après le bac je suis parti en Allemagne un an pour réfléchir à la suite. Les cours que j’ai suivis aux beaux arts de Hambourg en tant qu’auditeur libre ont été très importants dans ma démarche globale d’artiste. En 94 j’ai commencé un BTS d’ingénieur du son aux arènes. J’y ai rencontré Nico, qui m’a présenté Thierry. De là est parti Hypnolove.
La musique a commencé à prendre de plus en plus d’importance à partir de ce moment là dans ma vie.

S. B : D’où part l’idée de l’album ?
H. S : Clairement de la chanson Daddy’s gone….
Le décès de mon père en 2001 m’a profondément affecté. Ce fut le début d’une période de deuil et de remise en question. Ce morceau a jailli spontanément. D’abord sans paroles mais c’était comme un besoin vital pour évacuer la douleur, faire le deuil.
La perte du Père, celui dont on porte le nom, c’est un gouffre qui s’ouvre. C’est ce que veut exprimer cette chanson. Il y a aussi pas mal de gouffres dans mes dessins.
Je crois que la fonction de l’art en général c’est principalement d’exprimer l’indicible. Cela part d’un besoin très personnel, intime, mais j’espère modestement exprimer pour d’autres l’absence dans ce qu’elle a de vertigineux.

A partir du moment où cette musique a commencé à émerger, il me fallait faire un travail de canalisation. Le contrôle dans la pudeur. J’ai choisi comme fil conducteur le « Hors-champ » : Il s’agit comme au cinéma de poser son regard sur un point précis du décor extérieur aux acteurs.
Je crois que pour être vrai il faut choisir un point de vue. Sonner juste c’est important. Le plus difficile à faire c’est en général la mélodie. Le projet a été laborieux, il a pris beaucoup de temps. Le cadre choisi comportait de grandes contraintes mais en même temps j’avais besoin de ça. C’était une démarche thérapeutique, pour me décharger de la douleur.

S. B : L’album est en quelque sorte un itinéraire erratique dans la maison dans laquelle tu as grandi dans la région toulousaine. Comment cette idée a-t-elle émergé ?
H. S : De Daddy’s gone au concept de sphère intime, il fallait développer. Pour me situer dans le présent ce travail m’était nécessaire. Il ne fallait pas seulement que ce soit une accumulation de chansons mais trouver une cohérence. Que chaque chose trouve sa place dans l’album.
J’ai fouillé dans le bureau de mon père et j’ai trouvé des plans de la maison de sa main. Cette idée s’est imposée. L’idée de territoire intime, passée au filtre de la fiction. Ce n’est pas un documentaire musical.

S. B : Justement, comment ces concepts s’appliquent-ils concrètement dans l’arrangement des morceaux ?
H. S : J’ai beaucoup travaillé sur l’acoustique des pièces. Pour « the Bathroom » par exemple j’ai posé le micro dehors, sur le toit, avec le velux ouvert. J’ai chanté et sifflé sous la douche. Le but était de capturer à la fois l’acoustique de la pièce et les bruits de l’extérieur, dans un rapport de globalité.
D’ailleurs je ne pouvais pas parler de la maison sans parler de ce qui l’entoure, le jardin, la terrasse. « The Garden » est un morceau foisonnant. Je voulais exprimer toute l’activité de la vie dans un jardin, pas seulement ce qui est visible au premier abord, mais aussi la vie qui fourmille, le vent, le soleil, le chat qui passe, les insectes…
J’ai essayé également de travailler les notions d’espace. Pour « Muttern » par exemple il s’agit de l’entrée de la maison, au rez-de-chaussée, qui est pour moi le territoire de ma mère. J’ai ralenti le morceau pour rendre l’impression de gravité terrestre. A l’inverse « Oben » (« en haut »), qui traite de la pièce la plus haute de plafond, est accélérée.

S. B : Des projets ?
H. S : L’album sortira très prochainement… juin ou septembre. J’ai une date aux « Siestes électroniques », avec batteur et clavier.
Je suis actuellement en train de monter le clip de « daddy’s gone », en utilisant des images refilmées issues de films super 8 de mon père. Le travail de recadrage sur des détails des décors de ces documents de mon histoire personnelle, c’est l’aboutissement de cette idée du « hors-champ de l’intime ». Après la musique et le travail plastique, c’est la suite logique de la démarche suivie pendant toute la construction de l’album.

Actualité

30/06/07 > Les siestes électroniques, Plein Air > Prairie des filtres > 17:30 > Henning Specht

 Henning Specht a choisi


- Un disque : "An electric storm", White Noise, 1968
- Un livre : "Le faucon va mourir", Harry Crews, 2000
- Un film : "Ordet", Carl-Théodor Dreyer, 1955

Tags

Musique Electro Cinéma Pop-électro Hypnolove Siestes électroniques Dessin Daddy’s gone

 








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